mardi 9 février 2010

Le Dia et Lobo rend un dernier hommage à son premier membre de gouvernemet de son histoire:Gaston Moïse Medou me Mvomo

LE DJA-ET-LOBO REND UN DERNIER HOMMAGE
A SON PREMIER MEMBRE DU GOUVERNEMENT
Gaston Moïse Medou me Mvomo
(1910-2003)
Par Samuel Efoua Mbozo’o, Historien

« LE PATRIACHE EST MORT, VIVE LE PATRIARCHE !


Gaston Moïse Medou me Mvomo est né vers 1910 à Nkpwang, village situé à 13 km de Sangmelima (Dja-et-Lobo) sur l’axe routier Mbalmayo-Sangmelima, de feu Mvomo Ze Eyinga du clan Yembong et de feue Ekemeyong Akame du clan Yemfëk. Le village Nkpwang se trouve à quelques encablures de la station missionnaire presbytérienne américaine de Foulassi. Et c’est tout naturellement là que le jeune Medou fera ses premiers pas d’élève jusqu’au cours élémentaire 2ème année.
Après deux années passées respectivement à Bibia (Lolodorf) où se trouve l’école biblique de la mission presbytérienne américaine et à Elat (Ebolowa), Gaston Medou revient à Fulassi en 1936 pour fréquenter le cours pédagogique avant d’entrer, l’année d’après, à la prestigieuse école normale. Il y passe deux années (1937 et 1938) et en soit auréolé du non moins prestigieux diplôme de moniteur indigène.
Mais son flirt avec l’enseignement ne dure pas. En effet, Gaston Moïse Medou me Mvomo est recruté par décision n 2298 en date du 27 août 1938 comme infirmier auxiliaire de 6ème classe. Il est affecté à Yaoundé. Quatre mois plus tard il affecté à l’équipe de prospection du médecin-Lieutenant Guillon (cf. décision n° 3257 du 14 décembre 1938). Il sert tour à tour dans le Nyong et Sanaga, le Nkam et le Mungo. En 1939, Gaston Medou change de nouveau de métier.
En effet, il est admis sur concours direct en date du 15 décembre 1939 dans le cadre local de la trésorerie en qualité d’expéditionnaire comptable de deuxième classe stagiaire et affecté à Yaoundé (cf. décision n° 844 du 25 mars 1940).
Six ans plus tard, il est admis au concours interne du 31 août 1946 dans le cadre des Commis africains de 4ème classe de la trésorerie (cf. arrêté n° 2640 du 1er septembre 1946).
Quelques mois plus tard, Gaston Medou suspend sa carrière administrative pour se consacrer à la politique. Il y passera 26 ans sans discontinuité. En effet, à la faveur d’une loi française d’octobre 1946, une assemblée représentative de 40 membres est créée au Cameroun (ARCAM). Les élections ont lieu en décembre 1946 et janvier 1947 au double collège et au scrutin restreint. La région du Ntem, composée alors de trois des quatre départements de l’actuelle province du Sud (Dja-et-Lobo, Mvila et Vallée du Ntem) disposait de deux sièges dont un pour chaque collège.

Dans le collège des indigènes, Gaston Medou est élu délégué de la région du Ntem, à l’élection de 1946, devant ses autres concurrents qui étaient :
- Medjo m’Azang Frédéric (Sangmelima)
- Oyono Ndoum (Ebolowa)
- Akam Hans (Ebolowa)
- Nyatte Nko’o (Sangmelima)
Dans le premier collège, celui des citoyens français, c’est Gros André Albert qui fut élu. Gaston Medou siègera donc à l’ARCAM à ce titre de 1947 à 1952. Deux évènements importants dans l’histoire du Dja-et-Lobo datent de ce premier mandat : la création de la région du Dja-et-Lobo le 29 décembre 1951 et le financement de la ‘’route du cacao’’, axe Mbalmayo-Sangmelima. Evènements qu’il faut évidemment mettre à l’actif du député du Dja-et-Lobo. Il importe également de signaler qu’en octobre 1946, Gaston Medou est du voyage de cinq (05) délégués Camerounais qui prennent part au Congrès constitutif du RDA à Bamako, la délégation outre lui, était composée de :
- Djoumessi Mathias
- Manga Lobe
- Azombo Nsomoto
- Takala Célestin

En mars 1952, Gaston Medou est réélu non plus à l’ARCAM, mais à l’ATCAM (Assemblée territoriale du Cameroun). En effet, une loi française en date du 6 février 1952 a transformé l’ARCAM en ATCAM et a porté le nombre de conseillers de 40 à 50. Gaston Medou y représente, non plus la région du Ntem, mais plus tôt celle du Dja-et-Lobo créée, comme nous l’avons dit plus haut, trois mois avant les élections.

Les pouvoirs de l’ATCAM devaient expirer en mars 1957, mais cette échéance fut abrégée par une autre loi française du 15 novembre 1956. Une nouvelle ATCAM de 70 membres, cette fois, est élue le 23 décembre 1956 et le 19 janvier 1957. C’était la première élection au Collège Unique et au suffrage universel. La circonscription bénéficia de deux (02) sièges. Et pour la première fois, les politiques furent autorisés à présenter des listes.

Gaston Medou fut à nouveau élu avec son colistier Ndoudoumou Ebo’o sur la liste Action Paysanne, à l’origine mouvement coopératif mais devenu pour les besoins de la cause mouvement politique. Ne disposant que de deux députés, la liste Action Paysanne du Dja-et-Lobo s’apparentera au groupe parlementaire du Bloc des démocrates chrétiens de André Marie Mbida.
L’ATCAM de 1957 avait été élue pour doter le Cameroun d’un statut d’autonomie interne c’est-à-dire d’un gouvernement et d’une assemblée législative : ledit statut fut promulgué le 16 avril 1957. et conformément à ce dernier, l’ATCAM fut transformée en Assemblée législative (ALCAM) le 10 mai 1957. Et le 15 mai, cette dernière confirma le choix porté par le Haut Commissaire Messmer sur André Marie Mbida comme Premier Ministre. Aussitôt investi, ce dernier forma un gouvernement de coalition de 13 ministres et Secrétaires d’Etat. Gaston Medou me Mvomo faisait partie de ce premier gouvernement Camerounais comme Secrétaire d’Etat à l’Information et aux Postes et Télécommunications.

Mais l’idylle avec le Premier Ministre Mbida va vite tourner court, puisque Medou sera remercié quatre mois plus tard (septembre 1957) par Mbida. Il réintégrera l’ALCAM comme non inscrit à la suite de sa démission du groupe BDC le 10 octobre 1957. Et c’est pendant qu’il s’y trouvait que cette dernière dota le Cameroun d’une devise ‘’Paix – Travail- Patrie’’, d’un emblème : ‘’vert-rouge-jaune’’, d’un hymne national : ‘’O Cameroun berceau de nos ancêtres’’ et d’une fête nationale ‘’le 10 mai’’. C’est cette même ALCAM qui vota également deux résolutions le 12 juin et le 24 octobre (1958 ?) demandant à la France de reconnaître l’option du Cameroun pour l’indépendance et la levée de la tutelle de l’ONU sur le Cameroun sous administration française pour le 1er janvier 1960, Gaston Medou fit partie en remplacement de son colistier Ndoumou Ebo’o du Comité constitutionnel institué par le Premier Ministre Ahidjo en vue de l’élaboration de la 1ère Constitution du futur état indépendant.

Les élections législatives à la 1ère Assemblée nationale (fév. 1960) furent malheureuses à Gaston Medou puisque sa liste fut battue par celle de l’UPC conduite par Simon Owono Mimboe et Endangte Akoumezo’o Edouard. Mais après la levée de l’immunité parlementaire d’Owono Mimboe en octobre 1960, Gaston MEDOU sera de nouveau réélu aux élections partielles de décembre 1961.
Entre temps, à la faveur de al révision constitutionnelle du 1er septembre 1961, le Cameroun est devenu une république fédérale avec deux états fédérés : le Cameroun oriental (ancien Cameroun sous tutelle française) et le Cameroun occidental (ancien Cameroun sous tutelle de la Grande-bretagne). Chaque Etat fédéré, dispose d’une assemblée législative (ALCAMOR et ALCAMOC), alors qu’au niveau fédéral, il existe une Assemblée nationale fédérée. Dès 1962, cette dernière sera installée, selon un principe de cooptation. Gaston Medou sera donc coopté de 1962 à 1964 comme député à l’Assemblée Nationale fédérale au titre de l’Union Camerounaise (UC) dont il est devenu membre depuis 1961.
En juin 1965, il sera réélu comme député à l’ALCAMOR et le restera jusqu’en 1970. ainsi Gaston Medou aura passé environ vingt deux (22) ans comme député du Dja-et-Lobo ! Il réintégrera sa carrière administrative aussitôt après comme contrôleur du trésor (cf. arrêté n° 1291 du 6/10/1973).
En 1975, il sera intégré dans le cadre des inspecteurs du trésor après reconstitution de carrière (cf. arrêté n° 75/40 du 12/09/1975).
Mais quelques temps auparavant, il aura été mis à la retraite (cf. arrêté n° 01409 du 01/08/1975.
Notons pour être complet que Gaston Medou aura été un syndicaliste de première heure, membre de la CGT de 1943 à 1947, il sera secrétaire général de l’union des Syndicats CGT du Nyong et Sanaga en remplacement de Charles ASSALE de 1945 à 1947. Co-fondateur de l’association tribale Ntem-Kribi, appelée encore EFULAMEYONG , il sera son secrétaire général de 1948 à 1953, fondateur de ‘’Action Paysanne’’, une coopérative qui avait pour but d’encadrer les planteurs de sa circonscription politique, Gaston MEDOU a été président de l’Union Générale des Centres Coopératifs Agricoles du Cameroun de 1958 à 1962. Ce titre il fut élu Conseiller économique et social en juillet 1961, et nommé conseiller auprès du BIT en matière coopérative, Planteur animateur rural, Gaston Medou a construit en 1962 un village moderne communautaire à Nkpwang qui se trouve malheureusement dans la broussaille aujourd’hui.
Trois cantons de la subdivision de Sangmelima emboîtèrent le pas à Nkpwang [Ndon-Libi (atong) ; Afamba-Libi (Minkang), Tekmo].

Directeur Fondateur de l’école populaire de Nkpwang en 1948, et fondateur de l’association scolaire du Ntem, Gaston Medou me Mvomo sera le président-représentant national de l’enseignement privé laïc de 1967 à 1969.



Au terme de ce rapide survol de la vie de Gaston Moïse Medou Mvomo, force est de reconnaître que celle-ci fut riche en péripéties :instituteur, planteur, animateur rural, syndicaliste, homme politique, etc… bref une vie exceptionnelle et multidimensionnelle. Gaston Medou a su défendre les intérêts socio-économiques, non seulement des populations de sa région natale, mais aussi ceux de tout le Cameroun. Pour cela, la nation entière devrait lui rendre un vibrant hommage en attendant de voir un jour les restes de sa dépouille mortelle transférés, avec ceux des autres compatriotes méritants au ‘’panthéon Camerounais’’ que nous appelons urgemment de tous nos vœux.

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