lundi 8 février 2010

Historique de l'emblème,de la devise,de l'hymne et de la fête nationale du Cameroun

HISTORIQUE DE L'EMBLEME, DE L’HYMNE, DE LA DEVISE ET DE LA FETE NATIONALE DU CAMEROUN

Samuel EFOUA MBOZO'O
Chargé de Cours au Département d'Histoire de la Faculté des Arts, Lettres et
Sciences Humaines de l'Université de
Yaoundé I.
Résumé

« Vert-Rouge-Jaune » , « Paix-Travail-Patrie »,
« O Cameroun, berceau de nos ancêtres »
Tels sont l'emblème, la devise, et l’hymne de la République du Cameroun respectivement. Beaucoup de jeunes camerounais l'apprennent dans leurs leçons d'histoire ou d"instruction civique aujourd'hui. Mais combien d'entre eux connaissent-ils l'histoire et le sens de ces attributs de l'Etat du Cameroun? Combien savent-ils que ceux-ci ont été votés pour la première fois par l'Assemblée législative du Cameroun (Alcam) en ses séances plénières des 24 et 25 octobre 1957 respectivement ? Combien savent-ils que, depuis cette date, cette devise n'a pas changé au contraire du drapeau, de l’hymne et de la fête nationale dont la symbolique et la date ont évolué corrélativement aux grandes options politiques du Cameroun ? Très peu, serait-on tenté de répondre.
Le présent article se propose donc de retracer dans ses grandes lignes l'historique du drapeau, de l’hymne, de la devise et de la fête nationale à l'intention des jeunes et moins jeunes Camerounais qui ne le connaîtraient pas, ne le connaîtraient pas assez ou l'auraient oublié. Pour ce faire, nous jetons d'abord un bref regard rétrospectif sur la situation juridico-administrative du Cameroun à la veille du vote par l'Alcam de ces lois ; ensuite nous évoquons les débats parlementaires ayant conduit à l'adoption de ces attributs; enfin, nous examinons les permanences et les variantes de ces derniers.

Abstract

"Green Red-Yellow", «Peace-Work-Fathebland", “O Cameroon, Thou Cradle of our Fathers”. These are the emblem, the motto and the antemn of the Republic of Cameroon respectively. Nowadays, many young Cameroonians learn them through their History or Civic Education lessons. But how many of them know the historical background and purport of these attributes of the state of Cameroon ? How many of them are aware of the fact that these attributes were voted by the Legislative Assembly of Cameroon (Alcam) during its plenary sittings of 24 and 25 October 1957 respectively ? How many are aware of the fact that since then, the motto has not changed as is the case with the flag, the antemn and the national feast day whose symbolism and date varied correlatively with the major political changes which have occurred in Cameroon ? They are very few at the very least.
Therefore, this article seeks to outline the major historical background and thinking behind the flag, the motto, the antemn and the national feast day of Cameroon to all those who may be unfamiliar with the facts or may not be fully conversant with the facts or might have simply forgotten. To achieve the above, we have reviewed a retrospective appraisal of the judicial and administrative situation of Cameroon on the eve of the voting of these laws by Alcam. Then, we shall consider the parliamentary proceedings which led to the adoption of the emblem, motto and National day. Finally, we shall examine the permanency and variations of these attributes of the State of Cameroon.

I- RAPPEL DE LA SITUATION JURIDIQUE, ADMINISTRATIVE ET POLITIQUE DU
CAMEROUN SOUS TUTELLE FRANCAISE ( 1944-1957)

Vers la fin de la deuxième guerre mondiale, la France, eu égard à la contribution reçue de ses possessions d'Afrique Noire dans la lutte contre l'Allemagne nazie, manifeste une volonté d'obtenir des habitants une certaine participation à la gestion des affaires de ces territoires et de celles de la métropole.

A- La conférence française africaine de Brazzaville (Janvier-février 1944)

Du 30 janvier au 08 février 1944, sur l'initiative de M. Pleven, alors commissaire aux colonies, se réunit une conférence franco-africaine à Brazzaville. Cette réunion revêtit, par la qualité des participants, un caractère nettement administratif et colonial : seuls des fonctionnaires y participèrent, aucun représentant des populations indigènes, par d'homme politique métropolitain. Mais le résultat de ses travaux eut un tel retentissement que certains hommes politiques de l'époque parlèrent de " l'esprit de Brazzaville"( ).
Une des résolutions de cette conférence préconisa la création d'assemblées représentatives dans les possessions françaises d'Afrique Noire et de Madagascar en même temps qu'elle recommanda que " les colonies fussent représentées au sein de la future Assemblée qui devait rédiger la constitution française".

B- La Constitution française du 27 Octobre 1946

Dans son titre VIII, la Constitution de la IVème République donne une définition nouvelle des relations entre la France métropolitaine et la France d'Outre-Mer, ainsi qu'une définition des liens devant désormais exister entre la République française et les autres parties de l'Union.
L'article 60 définit une règle qui, bien que traditionnelle, n'avait jamais été formulée : la République française est composée d'entités territoriales et administratives : les entités métropolitaines et les entités d'Outre-Mer. Ainsi, la constitution distingue deux sortes de collectivités intégrées à la République, Une et Indivisible, et distinctes de la métropole : les départements d'outre mer et les territoires d'Outre-Mer.



L'Union française, stricto sensu, est définie comme formée de la République française et des territoires associés (Togo et Cameroun) qui, juridiquement, ne sont pas intégrés au territoire français, mais sont en fait administrés comme des territoires d'Outre-Mer.
La catégorie des territoires associés est apparue tardivement dans le texte constitutionnel. C'est le député P. Cot qui fit remarquer que les territoires sous mandat ne sont ni intégrés à la République, ni " des Etats associés ou dotés d'un statut autonome", ce qui permettait non seulement de viser les territoires sous mandat qui allaient être placés sous le régime de tutelle, mais encore de créer une catégorie intermédiaire entre l'intégration à la République et le stade étatique1
Mais la réparation tardive de cet oubli a conduit à une grande incertitude sur la situation de ces territoires à l'égard des institutions françaises. On a prétendu que, pour répondre aux buts de la tutelle, on les acheminait vers l'autonomie politique. C'est ainsi que le Togo et le Cameroun se virent attribuer des sièges à l'Assemblée nationale, au Conseil de la République et à l'Assemblée de l'Union française comme s'ils faisaient partie de la République alors que les lois des 5 et 27 octobre 1946 qui organisent les élections au sein de ces assemblées ne citent même pas la catégorie des "territoires associés".
On peut néanmoins comprendre la discrétion de la Constitution en ce qui concerne le Togo et le Cameroun dans la mesure où le régime de ces territoires devait être défini par les accords internationaux et ne relevait par conséquent pas de la compétence unilatérale de l'Assemblée constituante.

C- Le Régime de tutelle

La Charte des Nations Enies, dans ses chapitres XII et XIII ( articles 75 à 91) trace les grandes lignes du régime international de tutelle. Le régime s'applique aux anciens territoires sous mandat comme le Cameroun et le Togo. Les termes du régime de tutelle pour chacun de ces territoires font l'objet d'un accord entre les Etats directement intéressés ; cet accord désigne l'autorité chargée de l'administration. Le contrôle de l'administration est exercé par l'Assemblée générale de l'ONU et, sous son autorité, par un Conseil de tutelle.
La France a donc passé ces accords, en ce qui concerne les anciens mandats qui lui avaient été confiés (Togo et Cameroun), avec la Grande-Bretagne seulement. Ces accords ont été approuvés par l'Assemblée générale des Nations Unies le 13 décembre 1946. Ces textes accordent à la France les pouvoirs les plus larges : elle est responsable de la paix, du bon ordre, de la
bonne administration et de la défense du territoire (article3) ; elle a "pleins pouvoirs de législation, d'administration et de juridiction sur le territoire et sous réserve des dispositions de la charte et du présent accord, elle l'administrera selon la législation française comme partie intégrante du territoire français" (article 4, al. 1).

D- La naissance de l'institution parlementaire

Un mois et demi avant la signature de l’accord de tutelle du 13 décembre 1946 et deux jours avant la promulgation de la Constitution française du 27 octobre 1946, un décret (n° 46-2376) du gouvernement français créa cependant l'Assemblée représentative du Cameroun (Arcam), élue au double collège, et embryon du parlementarisme Camerounais. (1)
Dès lors, il y eut, successivement avant l'indépendance, l'Arcam (1947-1952), L'Atcam (Assemblée territoriale : 1952-1957) et l'Alcam (Assemblée législative : 1957-1960).
L'Arcam et l'Atcam avaient certes quelques traits similaires aux assemblées parlementaires, c'est-à-dire qu'elles étaient des institutions élues, tenaient des sessions, avaient des organes (bureau et commissions) et utilisaient des éléments de procédure législative. Mais elles étaient surtout des assemblées administratives dans leurs attributions, c'est-à-dire que les matières sur lesquelles elles donnaient des avis n'avaient aucun caractère politique 2
Bien plus, ces assemblées étaient hiérarchiquement subordonnées au Haut-commissaire français au Cameroun, au Ministre de la France d'Outre-Mer et au Président du Conseil des Ministres à Paris qui pouvaient, à de degrés divers, annuler une délibération de ces assemblées. Or, dans une assemblée entièrement parlementaire, une délibération ne peut être annulée par une autorité administrative, quelque haut que soit son rang.
L'institution parlementaire, en tant qu'organe légiférant, voit le jour au Cameroun avec la création de l'Alcam. En effet, le statut du 16, avril 1957, pris en application de l'article 9 de la loi-cadre du 23 juin 19562, fut promulgué dans le journal officiel du Cameroun par le Haut-Commissaire Messmer le 9 mai 1957.





E- Le Statut du Cameroun du 16 avril 1957
Le décret n°57-501 du 16 avril 1957 portant Statut du Cameroun définit l'organisation particulière de l'Etat sous tutelle du Cameroun : donner à ce dernier une autonomie partielle tout en préservant les pouvoirs de contrôle de la France qui continue d'exercer la tutelle.

L'autonomie apparaît dans l'appellation d"Etat du Cameroun", dans la reconnaissance de la "citoyenneté Camerounaise" et dans la création d'une "Assemblée légiférante" et d'un "gouvernement Camerounais", responsable devant l'Assemblée et présidé par un Premier Ministre nommé par le Haut-commissaire et investi par l'Alcam.
Le statut du 16 avril 1957 prévoie enfin, dans son article 55, que l'Atcam, élue en décembre 1956 et janvier 1957, serait transformée en Alcam, sans nouvelles élections. Le 10 mai 1957, celle-ci s'installait officiellement et élisait son bureau avec, comme Président, jules Ninine, député du Diamaré d'origine guadeloupéenne.
L'Alcam pouvait interpeller le Premier Ministre, user de pétitions, poser des questions écrites ou orales, demander la modification du Statut. En contre - partie, le gouvernement pouvait proposer la dissolution de l'Alcam au conseil de ministres français. C'est donc d'un véritable régime d'assemblée qu'il s'agissait.
Après l'installation de l'Alcam, le Haut-Commissaire Pierre Messmer désigna M. André- Marie- Mbida comme Premier Ministre le 12 mai 1957. Celui-ci, après avoir procédé aux consultations d'usage avec plusieurs groupes politiques de l'Alcam, donna son acceptation définitive le 13 mai 1957 et le 15 mai, l'Alcam le confirmait à ce poste. Un gouvernement de coalition de treize membres fut constitué dont six (06) appartenant au groupe des Démocrates Camerounais du Premier Ministre ; cinq (05) au groupe de l'Union Camerounaise et deux (02) au groupe des paysans indépendants2?
Dès lors, la vie politique au Cameroun s'est articulée autour d'une Assemblée et d'un Gouvernement. C'est ainsi que, fort des prérogatives à lui reconnues par le Statut, le gouvernement Mbida déposa sur le bureau de l'Alcam, quatre projets de loi relatifs à la création d'un emblème (n° 3-A), d'un hymne National (3-B), d'une devise (3-C) et d'une fête officielle (n°3-D). Lesdits projets furent examinés par la commission des Affaires administratives les 17, 19 et 22 octobre 1957; les 24 et 25 octobre, l'Alcam les adopta en séance plénière. Dans le présent article, nous retraçons l’historique de ces attributs de l’Etat du Cameroun en nous appuyant essentiellement sur les débats parlementaires ayant motivé leur adoption.

II- UN DRAPEAU EN 1957 : POUR QUELLE FIN ?

D'après le dictionnaire Larousse du XXè Siècle, le mot drapeau signifie: "pièce d'étoffe portant les couleurs, les emblèmes d'une nation". C'est un signe métaphorique de ralliement, le signe le plus manifeste de l'existence ou l'affirmation d'une communauté nationale, d'une patrie. C'est l'aveu symbolique d'un groupement humain, aggloméré par l'histoire, même lorsqu'il est formé d'éléments dont les origines peuvent avoir été différentes. C'est enfin le symbole de la synthèse des sentiments, des pensées, des actes, de l'espoir de tous les enfants d'un même pays unis pour un destin commun.
Le drapeau, en effet, lie, en souvenirs glorieux ou malheureux, le passé et le présent. C'est ce qui justifie à travers le monde l'attachement, le prix, voire le chauvinisme, allant parfois au sacrifice suprême, qu'un peuple voue à son emblème.
Pouvait-on donner la même signification au drapeau dont le gouvernement camerounais requérait le vote de l'Alcam en 1957? A la lecture des débats qui ont entouré l'examen du projet de loi, nous pouvons dire que les avis des députés étaient partagés. Pour la plus grande partie de ceux-ci, appuyant l'initiative gouvernementale, la souveraineté interne, reconnue au Cameroun par le Statut du 16 avril 1957, méritait d'être matérialisée avec la création des symboles tels qu'un hymne, une devise, un drapeau et une fête officielle. Tel était le point de vue du député Banag:

Le statut du Cameroun, dans son article premier, parle de l'Etat sous tutelle. Dans son titre II, ce même statut a défini la citoyenneté camerounaise. Ainsi donc, la personnalité camerounaise s'est trouvée reconnue. Le Conseil de tutelle de l'ONU a ratifié le nouveau Statut établissant l'Etat sous tutelle du Cameroun, doté d'une Assemblée législative et d'un Gouvernement responsable devant cette assemblée.
Les mots : Etat, Citoyenneté camerounaise, ne pouvant avoir de valeur que s'ils sont matérialisés, le gouvernement camerounais a cru indispensable, pour marquer l'étape politique importante à laquelle nous venons d'accéder, de soumettre à notre délibération ces quatre projets.1

Pour d'autres députés par contre, le Cameroun, malgré le Statut, restait un territoire sous tutelle de l'ONU, confié à l'administration de la France. Son

élévation à l'échelle d'Etat sous tutelle n'empêchait pas que le Cameroun continuât à être un pays sous tutelle de l'ONU. Partant, on ne pouvait pas encore parler de souveraineté du Cameroun. Le sénateur Okala incarnait ce point de vue lorsqu'il déclara:



Le drapeau est le signe de ralliement d'une nation, et quand on parle de nation, c'est qu'on ne suppose pas une certaine souveraineté, mais la souveraineté tout court.
"De quoi s'agit-il donc dans le cas présent ? Il s'agit de définir si le Cameroun est souverain ou s'il peut avoir un drapeau national. Je dis tout de suite : le Cameroun n'est pas souverain, il ne peut pas être question de lui donner un drapeau qui symbolise une souveraineté qui n'existe nulle part ; car, en effet, aux termes de la loi-cadre qui a engendré le Statut, le Cameroun est placé sous le régime international de tutelle. Son souverain n'est pas l'Etat chargé de son administration, c'est –à-dire la France, mais bien l'Onu dont la France est le représentant1

Malgré cette divergence de points de vue, du reste normale dans une Assemblée parlementaire, et une motion préjudicielle déposée par le groupe Action Nationale (Ganc)2 - motion rejetée - le projet de loi fut néanmoins examiné par l'Alcam. Il comptait deux articles ainsi libellés :

Article premier : - l'emblème officiel de l'Etat sous tutelle du Cameroun est le drapeau Vert-Rouge-Jaune, décrit comme suit :
Trois bandes verticales de même dimension, vert à Gauche, Rouge au milieu, Jaune à droite.
Article 2 – L'outrage ou l'injure envers le drapeau Camerounais, sous quelle que forme qu'ils aient été accomplis, qu'ils aient été faits verbalement, par écrit ou par quelque geste que ce soit, seront punis d'un emprisonnement de un à trois mois et d'une amende de 5 000 à 25 000 frs en monnaie locale.
La présente loi sera exécutée comme loi de l'Etat sous tutelle du Cameroun. (3)

POURQUOI LES TROIS COULEURS : VERT, ROUGE, JAUNE ?

L'exposé des motifs du projet de loi dit ceci :

Ces trois couleurs marquent l'aspect physique de tout le Cameroun. Le Vert représente la végétation luxuriante du sud, laquelle est en même temps symbole de l'espérance et du progrès; la couleur Jaune représente, quant à elle, le sol de l'Extrême-nord, conventionnelle du soleil. Le Rouge est le trait-d'union, la couleur du Chef, celle des Césars passée à nos Chefs présents. C'est la couleur du commandement unissant le Nord et le Sud dans une franche amitié4

Au cours des débats en commission et en séance plénière, plusieurs amendements furent déposés, tendant à faire figurer quelques signes particuliers sur le drapeau. Ce fut le cas du député Wanko qui proposa d'ajouter une "crevette de couleur blanche" au milieu de la couleur rouge, pour symboliser l'origine du nom Cameroun (du Portugais Camaroes qui signifie écrevisse).
Le sénateur Okala appuya cette proposition, en ajoutant un "croissant de lune avec étoile" pour faire de l'emblème du Cameroun le signe de ralliement de tous. Quant au député Soppo Priso, il suggéra d'ajouter "l'écusson de l'Onu" pour symboliser la situation du Cameroun d'Etat sous tutelle.5

Ces amendements furent rejetés par le gouvernement. Car, aux dires du Vice-premier Ministre, Ministre de l'Intérieur, M Ahmadou Ahidjo, chargé de défendre le projet de loi devant l'Alcam :

… Jusqu'ici, le gouvernement s'est opposé à l'apport de tout signe particulier sur le drapeau. Ce faisant, le Gouvernement n'est pas systématiquement contre tel ou tel signe, que présente tel ou tel député. Si le Gouvernement s'oppose à l'adjonction d'un signe particulier sur le drapeau, c'est parce qu'il a constaté qu'il se heurtera, ainsi que votre assemblée, à d'innombrables difficultés en acceptant tel symbole et en refusant tel autre …1

Après des débats forts houleux, le projet de loi fut néanmoins adopté par l'Alcam par 37 voix pour, et 8 voix contre. Celui-ci est devenu la loi n°57-46 du 29 octobre 1957 portant création de l'Emblème du Cameroun.

Cet emblème fut successivement modifié en 1961 et en 1975. En effet, la loi n° 61-24 du 1er Septembre 1961 portant révision constitutionnelle, introduit, en son article premier, al.5, deux étoiles d'or sur la couleur rouge pour symboliser la réunification des deux Cameroun (Oriental et Occidental).

Quant à la loi n0 75-1 du 9 mai 1975 portant révision de la constitution du 2 juin 1972, son article premier (Nouveau) fait mention d'une étoile d'or au centre de la bande Rouge, pour exprimer l'option unitaire de l'Etat du Cameroun. C'est cet emblème qui est celui du Cameroun jusqu'à ce jour, malgré la mue de la République Unie du Cameroun en République du Cameroun tout court en février 1984.

III- COMMENT UNE ANCIENNE CHANSON POPULAIRE EST DEVENUE HYMNE NATIONAL

En Janvier 1926, pour la formation de ses cadres enseignants, la Mission presbytérienne américaine ( MPA ) installée au Cameroun depuis les années 1890, a transféré définitivement son école normale d’instituteurs à Fulassi, près de Sangmélima (2). Son fondateur et premier directeur était le pasteur Canadien Camille Chazeaud . La formation était de deux ans à l’issue desquels les élèves devaient passer les épreuves officielles du diplôme de moniteur indigène ( DMI ).

En 1927, un an avant la fin de leur cycle d’études, les vingt neuf élèves de la première promotion (1926-1928) 3 voulurent immortaliser leur passage dans cet établissement en composant un chant de ralliement à l’honneur du pays.
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1 Journal Officiel des Débats de l’Alcam,sesspon de 1957-1958,T1,p.26
2 Devant les effectifs sans cesse croissants dans ses écoles, la MPA avait effectivement décidé d’ouvrir une Ecole Normale à Elat en 1919. Cette idée fut d’autant plus motivée par l’ouverture à Yaoundé d’une Ecole primaire Supérieure par le gouvernement colonial français. La MPA avait d’ailleurs commencé à y envoyer ses premiers enseignants. Des essais commencèrent par une sorte de recyclage entre 1921-1922, à élat), ensuite à Bibia (Sept-décembre 1925). C’est en Janvier 1926 qu’elle fut définitivement transférée à Fulassi (mélange de gens et tribus), près de Sangmelima. Cf. Mveng Evina, « L’école normale de Fulassi : sa naissance, ses objectifs, sa vie et son rayonnement de 1925 à 1957 ». mémoire de Des-HIistoire, Université de Yaoundé, 1974. P30.
3 Il s’agit de : 1- Angounou Ntyam André, 2- Beau Ngouah David, 3- Bopelet René, 4- Bougha Bouguen Alex, 5- Efanden Bekoe, 6- Etame Charles, 7- Foh Elom Joseph, 8- Handy Matoi Joseph, 9- Jam Afane René, 10- Malonga Samuel, 11- Mayadi Henri, 12- Mbida Jacob, 13- Minkio mi Bamba Samuel, 14- Missengue Adrien, 15- Monezo’o Aka’a, 16- Mpile Mpfoum Louis, 17- Ndongo Nzie Alexis, 18- Nkomo Banga Michel, 19- Nkumu Meru’u Ernest, 20- Nyate Nko’o Moïse, 21- Obam Bitom Philippe, 22- Obam Engozo’o Engelbert, 23- Pouasset Nzouango Lionel, 24- She Onana Paul, 25- Tchega Mbogol Joseph, 26- Tsaga Gigui Bikanda M, 27- Yogo Yogo Roger, 28- Ndongo Minko Laurent, 29- Tegal Ngobol Joseph.



On désigna un comité composé de un ou de deux représentants de chaque groupe ethnique faisant partie de la promotion ; Jam Afan René, qui était très doué en français fut chargé d’élaborer le texte. Il écrivit vingt (20) vers qui reçurent l’approbation enthousiaste et unanime des autres membres du comité. Quant à la musique elle fut l’œuvre de Minkio mi Bamba et de Nyatte Nko’o . Ensemble les membres du comité mirent la dernière touche.(1)
L’assemblée des élèves approuva tel quel le projet, le soumit au directeur de l’établissement, le Canadien Camille Chazeaud, qui n’y trouva rien à redire. Avis partagé de Mme Love, épouse d’un missionnaire, après qu’elle eut joué le chant de ralliement sur un harmonium (2) .
Vingt neuf ans après, le 25 octobre 1957, le chant de ralliement venu de Fulassi- qui avait déjà conquis tout le territoire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, dans la rue, au village, au champ, partout (3) – fut adopté par l’Assemblée Législative comme hymne de l’Etat sous tutelle du Cameroun après un débat riche et intéressant dont nous rappelons ici les principaux temps forts.
A- Les Débats à l’ Alcam
Au cours de la session parlementaire du mois d’Octobre 1957, le gouvernement camerounais, présidé par le Premier Ministre André Marie Mbida, déposa, sur le bureau de l’ALCAM un projet de loi n° 3-B portant création d’un hymne officiel de l’Etat sous tutelle du Cameroun. C’était le 15 Octobre 1957. L’Assemblée plénière envoya le projet pour examiner au fond à la commission des affaires administratives. (4)
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1 Dans l’exposé de motifs du projet de loi transmis à l’Alcam, on note que c’est dans la promotion de 1928-1929 dont font partie les auteurs qui sont : Douala Valentin, Ekwalla Essaka, Massouke Bouegne, Minkio bamba. Ce dernier serait l’auteur des paroles et Ekwalla Essaka, l’ auteur de la musique ; avis non partagée par She Onana Paul député à l’Assemblée National Fédérale au cours de l’examen en commission du projet de loi portant amendement de l’hymne National en Avril 1970. voir à cet effet Archives de l’Assemblée Nationale travaux de la commission des lois constitutionnelles ,ronéotypés p.3
2 Voici le texte initial :
O Cameroun, berceau de nos ancêtres,
Autrefois, tu vécus dans la barbarie.
Comme un soleil, tu commences à paraître,
Peu à peu tu sors de ta sauvagerie.
Que tous tes enfants, du Nord au Sud,
De l’Est à l’Ouest soient tout amour.
Te servir que ce soit leur seul but,
Pour remplir leur devoir toujours.
Tu es la tombe où dorment nos pères,
Le jardin que nos aïeux ont cultivé.
Nous travaillons pour te rendre prospère,
Un beau jour enfin nous serons arrivés.
De l’Afrique soit fidèle enfant,
Et progresse toujours en paix,
Espérant que tes jeunes enfants
T’aimeront sans bornes à jamais.
Refrain : chère Patrie, terre chérie,
Tu es notre seul et vrai bonheur.
Notre joie et notre vie
A toi l’amour et le grand honneur.
3 Archives de l’Assemblée Nationale, dossier projet de loi portant création d’un emblème, d’un hymne, d’une devise et d’une fête officielle de l’Etat du Cameroun p 4.
4 ladite commission était composée des députés suivants : pour le compte du groupe de l’Union Camerounaise ( Duval Jean Louis, Babale Ousmanou, Lamine Mohaman Yérima, Salihi Haman, Marouf Youssouf, Amaoua Abdoul Zamei, Nana Djafarou ) ; pour le compte du groupe des Démocrates Camerounais ( Akono Claude, Yakana Joseph, Mabaya Jean-Batiste, Ngaba Ndzana Medard ) ; pour le compte du groupe d’Action Nationale ( Behle Gaston, Ekwabi Ewane Jean ) ; pour le compte du groupe des Paysans Indépendants ( Kamga Joseph, Wanko Samuel ). Cf Journal Officiel de Débats de l’Alcam, session de 1957-1958, T.1, séances du 8 Octobre 1957 au 26 février 1958, Yaoundé, impr du gouvernement, 1957, p 13.


Cette dernière siégea pendant trois jours, les 17, 19 et 22 Octobre 1957 sous la présidence de Lamine Mohaman Yerima, avec comme rapporteur Daniel Akono. L’Assemblée plénière, quant à elle, tabla sur le rapport de la Commission le 25 Octobre dans l’après-midi. Mais déjà, au cours d’une séance précédente, tenue le 24 Octobre dans l’après-midi et discutant d’un autre projet de loi ( n°3A ) portant sur la création d’un emblème, beaucoup de députés, intervenant dans le débat général, firent allusion au projet sur l’hymne.

De ce débat général, il ressort que, si certains députés, comme nous l’avons vu plus haut, se sont interrogés sur l’opportunité de création d’un emblème, d’un hymne, d’une devise et d’une fête officielle à un Etat qui n’était pas encore totalement souverain, comme le Cameroun (cas de Okala, Soppo Priso et de Behlé), la grande majorité des députés, par contre, a soutenu l’initiative gouvernementale.

S’agissant particulièrement du projet de loi portant création d’un hymne, la quasi-totalité de la chambre a tout de suite adhéré à la proposition du gouvernement de transformer la « vieille chanson populaire », venue de Fulassi, en hymne officiel. Car, comme le dit l’exposé de motifs, « elle (la vieille chanson populaire) exprime la joie et la confiance, dépourvues de haine » (1)
L’ intervention du député Ngaba Ndzana exprime le point de vue de la majorité de la chambre :

…Le Gouvernement Camerounais nous a proposé la vieille chanson populaire que vous connaissez tous et qui a été jugée comme le chant de ralliement le plus marquant. C’est une chanson qui date de 1929 ( ? ) i.e. du temps où n’existait pas encore dans notre pays les discussions politiques que nous vivons tous aujourd’hui. Les auteurs de cette chanson… ont simplement eu à cœur de doter leur pays d’un hymne qui soit de tout temps le chant dont les paroles expriment le mieux l’union, l’enthousiasme ; l’élan magnanime de tous les enfants d’une même patrie.
Relisez un peu cet hymne, vous remarquerez le caractère désintéressant qui animait ses auteurs. A la première strophe, ils reconnaissent que le Cameroun est le « berceau de tous leurs ancêtres » c’est-à-dire que, pour eux les auteurs, il n’y pas de Camerounais de 1ere zone et de Camerounais de 2e zone, puisque dans la même stance, ils insistaient pour que tous les enfants du « Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest » aient pour seul but de servir leurs pays.

Dans le 2e couplet, ils nous invitent à communier avec les morts, os ancêtres, qui nous ont précédés dans l’autre monde… En outre, ils demandent que leur cher Cameroun progresse dans la paix. Ah ! Cette paix préconisée par nos illustres compatriotes, s’ils savaient à quel degré le mensonge et la surenchère de quelques brebis galeuses l’ont tuée dans leur pays, s’ils savaient à quel degré l’amour sans borne qu’ils estimaient à juste titre que les enfants se devaient de vouer à la patrie, sont toujours foulés aux pieds.

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1 Archives de l’Assemblée Nationale, dossier projet de loi portant création d’un emblème, d’un hymne, d’une devise et d’une fête officielle de l’Etat du Cameroun p. 5.



Quoi qu’il en soit, qu’ils se rassurent, les auteurs de la chanson, qu’ils sachent avec nous que le « grand honneur » qu’ils désiraient pour leur pays, eh bien ! Il y a aujourd’hui des hommes résolus à le maintenir intact et à brandir tout haut l’étendard de leur idéal. C’est pourquoi, chers collègues, le groupe des Démocrates Camerounais estime que cette chanson populaire, depuis longtemps sur les lèvres de Camerounais, doit être adoptée comme hymne officiel de notre Etat… (1)

Le débat a porté ensuite sur le respect ou non du texte tel que conçu par ses auteurs. En effet, le projet gouvernemental introduisait une légère modification au premier couplet (5e et 7e vers), pour « en parfaire les rimes ». C’est ainsi qu’au lieu de : « du Nord au Sud » comme le disait le texte original du 5e vers, le gouvernement a proposé : « du Sud au Nord ». De même au 7e vers, au lieu de : « leur seul but », du texte original, le gouvernement a proposé : « leur seul sort ». (2)

Les députés Medou Gaston et Ngaba Ndzana ont donc proposé un amendement à l’article 1er, tendant à conserver le texte tel que conçu par les auteurs pour ne pas porter une entorse à la chanson.

L’amendement fut adopté par 35 voix pour, 0 voix contre et une abstention(3) ; de même que le reste de l’ensemble du texte. Le texte fut promulgué le 05 Novembre 1957 et est devenu la loi n°57 – 47 du 5 Novembre 1954 portant l’hymne de l’Etat du Cameroun. (4)

Notons que dans l’exposé de motifs accompagnant le projet de loi gouvernemental, quelques erreurs historiques se sont glissées au niveau des noms d’auteurs. L’exposé de motifs signale que :

Elle [la vieille chanson populaire] est l’œuvre d’un groupe d’intellectuels de la promotion 1928-29 de l’Ecole Normale de la Mission Protestante Américaine de Foulassi (Subdivision de Sangmelima):
MM. Douala Valentin, décédé.
Ekwalla Essaka, chef Supérieur de Deïdo
Massouke Bouegne, controleur des Douanes
Minkio Bamba, instituteur
M. Minkio est l’auteur principal des paroles et M. Ekwalla Essaka de la musique (5)

Des études scientifiques ont démontré que c’est la 1ere promotion, celle de 1926-1928 et non celle de 1928 – 29, qui comportait les auteurs de la chanson tels que nous les avons énumérés plus haut. Or, dans cette première promotion, on ne voit pas les noms cités par l’exposé de motifs à l’exception de celui de Minkio mi Bamba, l’auteur de la musique (6) et non des paroles comme le dit l’exposé.
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1) Journal Officiel de débats ( JOD ) de l’ Alcam, session de 1957-1958, T.1, Séance du 25 Octobre 1957, pp 40-41
2) Archives de l’Assemblée Nationale, dossier sur les projets de loi portant création d’un emblème, d’un hymne, d’une devise et d’une fête officielle de l’Etat du Cameroun, p 5.
3) Journal Officiel de Débats de l’Alcam, T1,1958, p.44
4) Et publié dans le Journal Officiel de l’Etat sous tutelle du Cameroun, n° 1211 du 20 Novembre 1957
5) Archives de l’Assemblée Nationale du Cameroun. Dossier projets de loi portant création d’un emblème, d’un hymne…., p.4
6) D’après Etienne Mveng, auteur d’un mémoire de DES en Histoire sur l’Ecole Normale deFoulassi, c’est Nyatte Nko’o le père du célèbre Archangelo de Moneko, qui serait l’auteur de la musique, entretien campus Universitaire de Ngoa Ekelle, Janvier 2005. Avis partagé du député SHE Onana, député de l’Océan à l’Assemblée Nationale fédérale en 1970, membre de la promotion de 1926-1928, et rapporteur de la commission des lois constitutionnelles sur le projet de loi n° 213 d’Avril 1970 portant modification de certaines dispositions de la loi de 1957 sur l’hymne.Cf à cet effet, Archives de l’Assemblée Nationale Travaux de la commission des lois constitutionnelles sur le projet de loi n° 213.25Avril 1970, pp 4-5

Toujours est-il qu’une fois l’hymne adopté par l’Alcam en cet après midi du 25 Octobre 1957, il fut aussitôt entonné et chanté par les députés et membres du gouvernement présents. Le premier ministre Mbida a ensuite pris la parole pour annoncer que le gouvernement fixerait un jour où le drapeau du jeune Etat sous tutelle du Cameroun serait hissé pour la première fois et l’hymne chanté devant le public. D’autre part, le premier ministre a informé l’Alcam de la décision du gouvernement d’honorer à titre exceptionnel les camerounais qui ont créé les paroles et la musique de l’hymne du « mérite camerounais de 1ère classe ». C’est ainsi que furent nommés à ce titre, les auteurs présents à cette séance d’adoption de l’hymne. MM Ekwalla Essaka, Massouké Bouegné, Jam Afan Réné et Douala Valentin, à titre posthume.(1)

En Avril 1970, un projet de loi (n°213) fut déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale fédérale aux fins de modifier certaines dispositions de la loi n° 57/47 du 05 novembre 1957 portant création d’un hymne de l’Etat du Cameroun. L’exposé de motifs accompagnant ledit projet estimait qu’après dix années d’indépendance du Cameroun, il apparaissait nécessaire de supprimer certains termes devenus totalement anachroniques, notamment « barbarie » et « sauvagerie » et d’affirmer la volonté unanime des fils de ce pays de parachever, conserver et consolider leur liberté et leur unité nationale.

La commission des lois constitutionnelles, chargée d’examiner le projet au fond , a interrogé le gouvernement sur les raisons de ces propositions de modifications. Le Ministre de l’Administration territoriale, chargé de défendre le projet gouvernemental, a précisé que l’intention du gouvernement n’était pas de renier le passé, mais plutôt de se tourner vers l’avenir sous le signe de la liberté retrouvée ;

Ce projet, a enfin conclu le Ministre, était la matérialisation d’une promesse électorale faite par le candidat Ahidjo lors de la campagne en vue des élections à la Magistrature suprême, au cours d’un meeting à Douala le 15 Mars 1970, promesse selon laquelle il proposerait à la Chambre de modifier la première strophe de l’hymne national au cas où il était élu..(2)

Le texte proposé fut adopté sans amendement par la chambre entière dans sa séance du 2 Mai 1970. La Loi fut promulguée le 20 mai 1970 sous le n° 70 /LF / 4. (3)

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1 Journal Officiel de débat de l’Alcam. Sessions de 1957-1958 T.1 p.47. Bizarrement le nom de Minkio mi Bamba ne figurait plus parmi les heureux récipiendaires alors que l’exposé de motifs donnait son nom comme auteur des paroles.
2 Archives de l’Assemblée Nationale fédérale - année législative 1970/1971, première session ordinaire, rapport de la commission des lois constitutionnelles, p.3.
3 Journal Officiel de la République Fédérale du Cameroun…





Elle stipulait :
Article premier : O Cameroun ! Berceau de nos ancêtres
Va ! Debout ! Et jaloux de ta liberté !
Comme un soleil, ton drapeau, fier, doit être
Un Symbole ardent de foie et d’unité !

Article 2 : La présente Loi sera enregistrée, publiée selon la procédure d’urgence en français et en anglais ainsi qu’au Journal Officiel et exécutée comme loi de la République Fédérale du Cameroun.

Lors de l’examen du projet de loi en Commission, en avril 1970, les députés avaient fait remarquer que les deux versions de l’hymne (française et anglaise) n’étaient pas identiques. Aussi avaient – ils souhaité que ses deux versions fussent harmonisées au plus tôt.

C’est pour donner suite à cette recommandation que le Gouvernement a déposé sur le bureau de l’Assemblée Nationale (1) , huit ans après, un projet de loi (n°123 /PJC/AN), tendant à sanctionner la version anglaise et son adaptation musicale. L’exposé de motifs justifiait l’impossible harmonisation littérale des deux versions en ces termes :

Le texte français et le texte anglais ne peuvent être traduite littéralement car l’Hymne National est une œuvre poétique interprétée en « Musique. Elle ne saurait par conséquent faire l’objet d’une telle traduction. (2)

En commission comme en séance plénière, les députés ont soulevé des objections à propos du 2e couplet de la version anglaise qui parle du Chari, du Moungo, de la Boumba, de Buéa au lieu des points cardinaux que comporte le texte français. Le gouvernement a poursuivi dans sa logique de l’exposé de motifs en faisant observer qu’il ne s’agissait pas d’une fidèle traduction du texte français, mais d’une adaptation poétique soucieuse néanmoins de respecter l’esprit de l’ensemble, les deux langues n’obéissant pas aux mêmes règles prosodiques.








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1 Il convient de se rappeler que le 20 mai 1972, une nouvelle constitution était promulguée créant une République Unie du Cameroun et une seule assemblée nationale au lieu d’une assemblée nationale fédérale et de deux assemblées jumelles ( Alcamor et Alcamoc ) de l’ancienne République Fédérale.
2 Archives de l’Assemblée Nationale, 2e législature, année Législative 1978 / 1979, 1ère Session ordinaire ( juin 1978), projet de loi n° 123-PJL-AN, exposé des motifs.



Au vu de ces éclaircissements, le projet de loi fut adopté par la chambre entière. Il fut promulgué le 12 juillet 1978 par le président de la république (1). Ce sont ces deux versions qui sont encore en vigueur au Cameroun de nos jours. (2)

IV- HISTORIQUE DE LA DEVISE

D'après le dictionnaire Larousse du XXè siècle, la devise est "la figure emblématique expliquée par une sentence, une légende" ou encore " les paroles exprimant une pensée, un sentiment, un mot d'ordre".

Ainsi définie, la devise est, parmi les attributs d'un Etat, celui par excellence qui différencie une communauté des autres. Elle est le résultat de l'idéal d'un pays, la constatation des objectifs de la communauté, le but essentiel vers lequel doivent tendre les efforts des dirigeants et la garantie solennelle de la sauvegarde des intérêts individuels et collectifs des citoyens.

Une devise doit être conçue de façon telle qu'elle traduise les devoirs des uns envers les autres, les devoirs des citoyens envers l'Etat et les obligations de ce dernier envers les citoyens. Elle doit exprimer le programme politique fondamental des institutions qui doivent en découler et qui doivent tendre, non à assujettir l'individu, mais à l'élever, à le protéger, à le servir et à lui assurer sa place dans une société harmonieuse, unie et solidaire.


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1) Loi n° 78/2/ du 12 – 7 – 1978 portant l’Hymne National in Le Journal Officiel de la République Unie du Cameroun n° 3, suppliant du 15 Juillet 1978.
2) voici les deux versions :

Texte Français Texte Anglais

Premier Couplet First Verse

O Cameroun berceau de nos ancêtres O Cameroon, Thou Cradle of our Fathers
Va, debout et jaloux de ta liberté. Holy Shrine where in our midst they now repose,
Comme un soleil ton drapeau fier doit être, Their tears and blood and sweat thy soil did water,
Un symbole ardent de foi et d’unité. On thy hills and valleys once their tillage rose
Que tous tes enfants du Nord au Sud, Dear Fatherland, thy worth no tongue can tell!
De l’Est à l’Ouest soit tout amour ; How can we ever pay thy due ?
Te servir que ce soit leur but, Thy welfare we will win in toil and love and peace,
Pour remplir leur devoir toujours. Will be to thy name ever true !

Deuxième Couplet Second Verse

Tu es la tombe où dorment nos pères, From Shari, from where the Mungo meanders,
Le jardin que nos aïeux ont cultivé. From along the banks of lowly Boumba Stream,
Nous travaillons pour te rendre prospère, Muster thy sons in union close around thee,
Un beau jour enfin nous serons arrivés. Mighty as the Buea Mountain be their team;
De l’Afrique sois fidèle enfant, Instil in them the love of gentle ways,
Et progresse toujours en paix, Regret for errors of the past;
Espérant que tes jeunes enfants Foster, for Mother Africa, a loyalty
T’aimerons sans bornes à jamais. That true shall remain to the last.

Refrain Refrain

Chère patrie, terre chérie, Land of Promise, land of glory
Tu es notre seul et vrai bonheur, Thou, of life and joy, our only store!
Notre joie et notre vie, Thine be honour, thine devotion,
A toi l’amour et le grand honneur And deep endearment, for evermore

Au vu de ce qui précède, on peut s'interroger sur les mobiles qui ont milité en faveur de l'adoption des trois mots de la devise du Cameroun : Paix-Travail et Patrie.

Pour le gouvernement, initiateur du projet de loi n° 3-C, cette devise résume le programme de tout camerounais de bon sens. D'abord la Paix : paix pour le Cameroun qui désire acquérir son indépendance, dans une ascension raisonnable, graduelle; paix entre la France et le Cameroun jusqu'à son émancipation complète. Ce qui suppose, de part et d'autre, des relations de franchise et des concessions mutuelles ; paix ensuite entre les différents groupes ethniques composant le Cameroun; paix enfin dans les familles et dans le cœur de tout citoyen, car rien de durable ne se fait sans paix et aucune joie n'est possible dans un cœur agité par la haine ou la misère.1

Le Travail ensuite doit être l'idéal concret de tous les Camerounais, le travail bien compris, bien fait, allant jusqu'au dévouement, jusqu'à l'héroïsme
quand il le faut. Le travail a fait la richesse et le bonheur de tous les pays civilisés. Tout citoyen camerounais doit par conséquent saisir le sens du travail ; il doit savoir que tout travail honnête qui rapporte est digne d'estime et qu'il n'y a pas de travaux inférieurs ou de travaux supérieurs, mais seulement le travail bien accompli. Celui qui fait honneur à l'individu et sert au développement d'un pays comme l'a si bien dit le député Yakana :

Pour notre jeune Etat, la notion de travail doit primer, car c'est par le travail bien compris que le Cameroun atteindra sa maturité 2

Enfin, le mot Patrie résume les deux premiers termes et forme un ciment de toute la devise. Désormais, toutes les tribus du Cameroun sont un seul peuple, une patrie, terre des ancêtres, à qui un culte chauvin doit toujours être voué.

Bon nombre de députés trouvaient cependant que cette devise n'exprimait pas la vocation essentielle d'une nation qui est au service du citoyen ou de l'individu. Tel était l'avis du député Ntonga Aloys :

La devise qui nous est proposée est donc à mon sens un programme qui néglige l'homme pour ne dicter qu'une discipline, pour ne traduire que les devoirs des citoyens envers l'Etat, leurs obligations envers la patrie, sans que rien ne soit dit qui garantisse la moindre sollicitude des pouvoirs publics. De telles devises, permettez-moi de le dire, messieurs, ne se retrouvent que dans des régimes où les citoyens n'ont que des obligations, mais aucun droit … et où il est fait abstraction de la personne humaine dans l'administration de la collectivité3.
_____________________

1 Journal Officiel des Débats, de l’Alcam, session 1957-1958, T.1, Séance du 25 octobre 1957, p. 49.
2 Ibid
3 Ibid

Le député Medou Gaston, quant à lui, déposa une contre-proposition tendant à substituer à la devise suggérée par le Gouvernement celle de: "Loyauté, Fidélité, Patrie", car selon lui :

La paix et le travail sont les conséquences de la loyauté et de la fidélité. Ces dernières sont des termes générateurs vis –à-vis du travail. Elles sont des dispositions essentielles pour la paix et le travail. Donc, en recommandant aux camerounais ces dispositions, loyauté et fidélité, on leur recommande sous-entendu la paix ; en effet, les gens ne peuvent travailler en paix que dans la mesure où ils sont d'abord loyaux envers leur patrie, où ils sont fidèles en leur patrie …1

La contre-proposition, mise aux voix, fut rejetée par 01 voix pour, 28 contre, 1 abstention, le groupe d'Action Nationale n'ayant pas pris part au vote.
L'ensemble du projet de loi, formé d'un article unique, fut voté par l'Alcam par 32 voix pour, 1 voix contre et 0 abstention ( le groupe d'Action Nationale n'ayant pas toujours pris part au vote).

Le projet est devenu la loi n° 57-48 du 5 novembre 1957, ainsi libellée :

Article Unique : La devise officielle de l'Etat du Cameroun est : Paix, Travail, Patrie.
La présente loi sera exécutée comme loi de l'Etat sous tutelle du Cameroun. (2)

C'est cette devise qui fut reprise dans la constitution du 4 mars 1960 du Cameroun indépendant ainsi que dans ses différents modificatifs jusqu'à celui du 16 janvier 1996.

IV- 10 MAI : PREMIERE FETE OFFICIELLE DU CAMEROUN

Nous avons vu plus haut que le Statut du 16 avril 1957 prévoyait dans son article 55 que l'Atcam, élue en décembre 1956 et janvier 1957, devait être transformée en Assemblée législative sans nouvelles élections. Le 10 mai 1957, cette Assemblée fut installée officiellement.

C'est donc pour commémorer la journée du 10 mai 1957 au cours de laquelle l'Alcam se réunit pour la première fois, en application du Statut du 16 avril 1957, que les députés choisirent en leur séance plénière du 25 octobre 1957, la date du 10 mai comme fête officielle.

Mais ce choix ne fut pas aisé. En effet, l'Alcam se trouva divisée non seulement sur l'opportunité et la terminologie, mais également sur la date de cette fête. Sur l'opportunité d'abord, certains députés, notamment ceux du groupe d'Action Nationale du Cameroun (encore appelé groupe de Huit), ceux du groupe des Paysans Indépendants et le Sénateur Okala, estimaient que le
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1 Journal Officiel des Débats de l’Alcam, session de 1957-1958,T1, p.50
2 Loi n° 57-48 du 5-11-1957 portant création d’un devise, in JOES / TC n° 1211du 20-11-1957
Cameroun, étant encore sous tutelle de l'ONU, ne pouvait pas exciper des attributs d'un Etat souverain. Soppo Priso résume très bien ce point de vue :
Devons-nous donc convenir que nous nous lançons de force à la conquête des attributs que le Statut ne nous reconnaît pas…? Le Cameroun n'ayant pas encore son identité propre, il n'y a pas lieu d'anticiper dans la voie de symboliser sa souveraineté, car nous savons très bien que ces symboles n'auront qu'une portée intérieure1

Le député Akono, rapporteur de la commission des Affaires administratives, ayant examiné le projet de loi au fond, s'inscrit en faux contre cette analyse :

Messieurs, vous n'êtes pas sans savoir que la loi-cadre du 23 juin 1956, qui a donné naissance à l'Etat sous tutelle du Cameroun suivant le décret du gouvernement français n°57-501 du 16 avril 1957, est entrée en application depuis bientôt six mois. Ce statut, dans son titre II, a défini la citoyenneté camerounaise. La personnalité camerounaise se trouve ainsi reconnue… cette souveraineté interne de notre nouvel Etat mérite donc d'être matérialisée avec la création des symboles suivants : un emblème, un hymne, une devise et un jour de fête officiels2

Sur la terminologie ensuite, on note la même diversité d'opinions quant au qualificatif "Officiel". Pour le sénateur Okala :
On nous dit de voter un drapeau, un hymne, une devise et une fête qui ne sont pas nationaux, mais officiels aux dires du gouvernement. On a peur, à tort ou à raison, du mot nation et de l'adjectif national, comme si à leur seule prononciation, on décrocherait les foudres du ciel. On se presse cependant lentement sur les emblèmes d'une souveraineté qui n'existe pas et à laquelle ne croit même pas le gouvernement, auteur de ces projets de loi …3
Ce à quoi rétorqua le Vice-premier Ministre, ministre de l'intérieur, chargé de défendre le projet de la loi devant l'Assemblée, (M.A. Ahidjo) :
Au nom du Gouvernement, je dis qu'en présentant ce projet, nous n'avons pas eu à l'idée, comme peut-être l'ont eu certains députés, la souveraineté immédiate, l'indépendance immédiate du Cameroun. Nous préférons le dire avant même que l'Assemblée ne se prononce. L'Assemblée Territoriale du Cameroun, transformée en Assemblée Législative, a voté un statut qui accorde une large autonomie au cameroun. Le même statut crée un Etat sous tutelle du Cameroun ; le Gouvernement a estimé qu'étant donné les évolutions importantes, le Cameroun peut prétendre avoir un drapeau, un hymne, une devise et une fête officielle de l'Etat du Cameroun4
Sur la date enfin, même divergence de points de vue :
1) Pour le gouvernement, auteur du projet de loi, la date initiale proposée fut le 9 mai, date anniversaire de la naissance de l'Etat sous tutelle du Cameroun, car c'est ce jour que fut promulgué le décret du 16 avril 1957 dans le Journal Officiel du cameroun. Par conséquent, selon lui, c'est la date du 9 mai qui marque le début de l'autonomie du Cameroun.5
2) Le député Ngaba Ndzana ne partage pas ce point de vue. Aussi introduit-il un amendement fixant plutôt la date de la fête au 10 mai, car comme il l'explique si bien :

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1 Journal Officiel de débats de l'Alcam,, session 1957-1958, p.30
2 Ibid., p.24
3 Ibid
4 Journal Officiel de Débats de l’Alcam, session 1957-1958, T.1, p.33
5 Ibid, p. 52
Il est évident que le décret portant création de l'Etat du Cameroun a été promulgué le 09 mai. Vous savez tous que l'Assemblée Territoriale est morte le 9 mai. Vous savez tous que l'Assemblée législative est née à 0 heure. Dans ces conditions … j'estime qu'il faut attacher plus d'importance à l'Assemblée législative née le 10 mai …1

C'est son texte proposé qui fut retenu par la commission et voté en séance plénière.

3) Mais pour Gaston Medou, il était souhaitable que cette fête fût placée à une date dont le souvenir ferait honneur au peuple camerounais, au lieu de choisir une date qui correspondrait purement et simplement à un acte de gratuité quelconque :

Le 9 mai n'est que la consécration officielle de la victoire remportée par les camerounais lors de plusieurs sacrifices humains antérieurs dont le premier a eu lieu le 25 septembre 1945 à Douala où de milliers de Camerounais ont été tués pour la libération de leur sol … En l'honneur de ces morts … Je propose donc la date du 25 septembre comme date de fête officielle camerounaise. Mais si l'on tient au mois de mai, je proposerais plutôt le 25 mai en souvenir de nos morts du 25 mai 1955…2

4) Quant au député Behle, expliquant pourquoi son groupe (Ganc) n’a pas pris part au vote, il a lancé, un tantinet ironique, à son collègue Ntonga Aloys, membre du Ganc comme lui :

Si on mettait aux voix l'ensemble du projet …, nous aurions voté contre. Mais nous aurions tout de même accordé la liberté de vote à notre collègue, le député Ntonga Aloys qui représente ici la région de Kribi, parce que vous n'ignorez pas que, pendant la guerre de 1914, les Batanga, les populations de Kribi ont particulièrement souffert des hostilités et ont retenu les dates des 09 et 10 mai pour commémorer les dégâts qu'elles ont subis…3

Au total, le projet de loi fut adopté par l'Alcam en sa séance plénière de l'après-midi du 25 octobre 1957 par 61 voix pour, 0 voix contre et une abstention. Le groupe de huit ne prit pas part au vote.

L'article unique du projet, tel qu'amendé, stipulait en conséquence que :

Le 10 mai, date anniversaire de la mise en place de la première Assemblée Législative de l'Etat sous tutelle du Cameroun sera commémoré officiellement chaque année comme fête de l'Etat du Cameroun et sera chômé comme fête légale4

Cette fête ne fut malheureusement célébrée que deux fois en 1958 et 1959. Car le 1er janvier 1960, le Cameroun sous tutelle de la France accéda à la souveraineté nationale et internationale. Et c'est cette date du 1er janvier qui fut érigée en fête nationale jusqu'à l'avènement de l'Etat Unitaire le 20 mai 1972. Depuis lors, la date du 20 mai est célébrée comme fête nationale de la République du Cameroun.

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1 JournalOfficiel des Débats de l’Alcam,,session de 1957-1958,T1,p.52.
2 Ibid, p.28
3 Ibid, p.54. Cette fête est jusqu’ici célébrée à la même date, à Kribi pour commémorer le souvenir du retour des Batanga de leur exil au Cameroun britannique.
4 Loi n° 57-49 du 5-11-1957 portant création d’une fête de l’Etat, in JOES / TC, n° 1211 du 20-11-1957




REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Borella, François. L'évolution politique et Juridique de l'Union Française depuis 1946. Paris, LGDJ, 1958.
Efoua Mbozo'o S. L'Assemblée Nationale du Cameroun à la croisée des chemins. Yaoundé, Hérodote, 1994.
Efoua Mbozo'o, S., «Approche critique de la tutelle internationale des Nations Unies sur le Cameroun sous administration française(1946-1960) », Thèse de Doctorat d’Etat ès-Lettres, option Histoire, Université de Yaoundé I, 2004.
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Mveng, E., Histoire du Cameroun, Paris, Présence Africaine,1963.
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Secrétariat général de l'Assemblée Nationale.(ed). Le parlement au Cameroun, hier et aujourd'hui (1946-1971). Yaoundé : Impr. Coulouma, 1972.
Secrétariat général de l'Assemblée Nationale (ed). Livre d'Or de l'Assemblée Nationale du Cameroun. Douala, CDM, 1982.

2 commentaires:

  1. MERCI PROFESSEUR DE TOUTES CES EXPLICATIONS. UNE NATION FORTE NE PEUT SE CONSTRIURE DANS LA NEGATION OU LA MECONNAISSANCE DE SON HISTOIRE. PROF EN PASSANT IL SE POURRAIT QUE LE DEPUTE ATEMENGUE NKOULOU DE LA DEUXIEME LEGISLATURE AIT DEMISSIONNE. QU EN EST TIL ET PORQUOI LA DEMISSION. DR BELINGA UNIVERSITE DE NGAOUNDERE FSJP

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  2. Je suis très ravie de cet important texte. Il va nous être très utile.
    Que le Seigneur vous bénisse.

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